V-158

mars 2, 2004

Charge(s) utile(s)

  • Rosetta
  • Philae

Rosetta : la grande évasion

Le 2 mars 2004, tôt le matin, Ariane 5 injectait les 3 tonnes de la sonde interplanétaire Rosetta de l’ESA sur une orbite héliocentrique, point de départ d’un long voyage de 10 ans et de près de 7 milliards de kilomètres à destination de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko.

Afin de mettre sur la bonne voie cette mission tout à fait unique, la version 5G+ d’Ariane 5 a été dotée d’un nouvel étage supérieur à propergols stockables (EPS) à capacité d’allumage retardé et capable d’atteindre pour la première fois la vitesse d’évasion qui a propulsé Rosetta.

En effet, au lieu de l’allumage immédiat après sa séparation de l’étage principal – comme pour les missions « habituelles » de lancement de satellites en orbite de transfert géostationnaire – l’étage supérieur EPS a entamé avec Rosetta un vol balistique non propulsé d’environ 2 heures. Puis l’étage supérieur s’est allumé pendant 16 minutes, imprimant au véhicule spatial la vitesse nécessaire (37 476 km/heure) pour que celui-ci échappe à la force d’attraction de la Terre et se place sur une orbite héliocentrique. Une quinzaine de minutes plus tard, la sonde s’est séparée de l’étage du lanceur et entamé son long périple.

Le vol d’Ariane 5 a été ce jour-là exceptionnel et les ingénieurs ont fait preuve d’incroyables prouesses pour mettre au point l’EPS qui a permis d’injecter Rosetta sur l’orbite de libération hyperbolique voulue. Afin de contrôler la température interne de l’étage supérieur pendant la phase de vol balistique, celui-ci a effectué une rotation autour de son axe longitudinal. Ce mode, dit « mode barbecue»,  a permis d’éviter que le soleil n’échauffe l’étage en un seul point mais de façon uniformément répartie. Les ergols ont également été préchauffés de manière à garantir l’allumage sécurisé de l’étage. 

Et après ?

Au mois d’août 2014, après 10 ans de voyage au cours duquel Rosetta a étudié plusieurs astéroïdes qu’elle a croisés, la sonde s’est mise en orbite autour de « Tchouri » où elle a procédé pendant près de 2 ans à l’étude la plus complète jamais réalisée d’une comète. En novembre 2014, Rosetta a largué à la surface de la comète un atterrisseur, Philae, avec lequel elle a ensuite perdu contact. La mission Rosetta a pris fin le 30 septembre 2016, date à laquelle la sonde s’est volontairement précipitée à la surface de la comète. Ainsi s’est achevée une mission qui a permis de récolter une quantité colossale d’informations destinées à nous permettre de mieux comprendre les évolutions du système solaire depuis sa naissance, les comètes étant considérées comme les vestiges de la matière primitive.

Chiffres clés

La plus grande vitesse jamais atteinte par Ariane a été de 10 410 m/s, soit 37 476 km/h, pour l’injection de la sonde Rosetta sur une trajectoire interplanétaire, lors du vol d’une Ariane 5 G+. A cette vitesse, Paris n’est qu’à 9 minutes et 22 secondes de New York.

Rosetta disposait de 24 petits propulseurs chargés d’assurer l’accélération, la décélération et sa stabilité dans l’espace. Chacun d’eux délivrait une poussée de 10 newtons (10N), soit, en équivalent terrestre, la force nécessaire pour tenir un sac contenant une dizaine de pommes. Lors de son lancement, Rosetta disposait dans ses deux réservoirs de 1,650 tonne de combustible – soit tout de même plus de la moitié de la masse au décollage – pour pouvoir alimenter les petits propulseurs de manière suffisante durant son long périple à travers l’univers.

Rosetta : 116 000 clichés réalisés, 14 000 heures de contact à l’occasion de 2 500 liaisons avec le réseau d’antennes terrestres Estrack, une dizaine d’années prévues pour dépouiller l’ensemble des données récoltées.

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